#2025-05-27 : NOUVELLE : Un robot EM4
Retour à l'acceuil de la capsule
27 mai 2040 - 05:30
Pierre arrêta son réveil, comme la plupart des matins, passa quelques douces minutes à prendre dans ses bras Marie, sa compagne, encore endormie. Quelle douceur de se réveiller les matins de cette façon, d'être aimé.
Les journées étaient belles et une douce lumière filtrait à travers les stores de leur chambre. La journée promettait d'être chaude et Pierre avait déjà hâte du temps libre qu'il aurait à sa disposition aujourd'hui.
Il se leva enfin, s'habilla et descendit prendre un petit déjeuner, comme la plupart des matins. Les enfants ne seraient pas réveillés avant 07:00 avant qu'il ne les dépose à l'école.
Mais avant cela, il devait se rendre à son travail pour mettre en route son robot humanoïde personnel d'assitance industrielle.
Pierre termina son café, prépara le thé pour Marie qui n'aurait plus qu'à faire chauffer l'eau, enfila ses chaussures et prit sa moto, une vielle Honda CB 400 four de 1975. Beaucoup ne comprenaient pas qu'il puisse encore rouler avec un tel engin à cette époque. Il n'existait pour ainsi dire plus aucun véhicule à essence en circulation, et d'ailleurs il avait du faire une dérogation spéciale "collection" pour continuer à utiliser cette moto polluante selon certains, bruyante, mais tellement vivante. Il l'avait retapée lui même, avait refait tout le moteur et prenait un vrai plaisir à chaque fois qu'il démarrait cette vieille dame. L'odeur, les vibrations... Aucune machine électrique ne pouvait simuler ces sensations oubliées. C'était un peu une action subversive que Pierre avait trouvée pour protester (presque) silencieusement au diktat du tout électrique, du tout jetable. Un monde dans lequel il ne se retrouvait pas.
Il arriva sur le parking de l'entreprise où il était employé, passa aux vestiaires et s'équipa de sa tenue de technicien. Il rejoignit la ligne de production ou Sam, son humanoïde l'attendait sagement. La plupart des salariés donnait un petit nom à leur robot, cela renforcait leur lien d'attachement, même si cela n'était pas foncièrement nécessaire.
A son arrivée, Sam, encore connecté à ses câbles de synchronisation et de recharge tourna la tête et reconnu son propriétaire.
- Bonjour Pierre, ça va ce matin ? lui demanda le robot.
- Oui merci Sam, un peu de circulation ce matin, mais ce n'est pas un problème avec ma moto !
- Je ne comprendrais jamais les humains je crois, répondit Sam, avec une légère mimique amusée.
Sam était le robot de Pierre. Il en était propriétaire. Depuis la loi de 2035 relative au travail des machines quasi autonomes, les salariés de lignes de production, de travaux répétitifs pouvaient investir eux même dans un robot qu'ils mettaient à disposition de leur entreprise où ils étaient employés. C'était un grand pas que Pierre avait franchi il y avait 2 mois maintenant. Presque 30000€ d'investissement personnel étaient nécessaires pour s'équiper d'un robot de classe EM4, qu'il avait prévu de rembourser sur 5 ans. C'était une façon de réduire la pénibilité du travail et ainsi de récupérer beaucoup de temps libre, pour sa famille ou des activités extra professionnelles. Chaque employé qui avait un robot en était responsable, comme s'il s'agissait d'un salarié à soi. Les progrès étaient tels en matière d'IA que des robots bien plus évolués existaient déjà, qui simulaient presque parfaitement le comportement humain. Certains disaient qu'ils avaient atteint une forme de conscience. Mais Pierre n'y croyait pas encore tout à fait.
Les robots de classe EM4 étaient beaucoup plus simples, avec une IA généraliste déjà très performante mais factuelle, orientée sur des tâches métier. Il était encore bizarre d'imaginer faire travailler des robots dôtés d'une semi conscience à sa place. En réalité il y avait deux camps : ceux qui pensaient les machines faites pour servir les humains et les défenseurs de la cause des machines. Un combat inégal, le premier groupe étant soutenu par les multinationales et autres grosses compagnies.
Grâce à son robot, Pierre pouvait le faire travailler 14 ou 15 heures par jour à sa place. Grâce à ce temps de travail supplémentaire, il pouvait rembourser plus rapidement son prêt relatif à l'acquisition de cette machine.
Sam se releva et déconnecta ses câbles. Il regarda Pierre avec une expression neutre, même si on aurait pu déceler une petite touche d'insolence amusée dans sa posture.
- Je suis prêt pour engager la journée, Pierre.
- Merci. Avant cela, rien à signaler sur la dernière session de production ?
- Non, pas grand chose. J'ai quand même du remplacer un élément de convoyeur sur la ligne qui était grippé. Je l'ai transmis à Mike, le robot de Karim, de la maintenance.
- Tu as bien fait, merci.
- Mais de rien, c'est ma fonction.
Pierre décela quelque chose de différent chez Sam ce matin là. Cela ne faisait pas longtemps qu'ils se connaissaient, mais il avait commencé à "sympathiser" avec son robot d'une certaine manière. Bien qu'il ne soit pas doué de conscience ou semi-conscience comme certaines entreprises aimaient à se vanter, chaque robot EM4 avait une personnalité de base, orientée travail, certes, mais une certaine personnalité. Au fur et à mesure des intéractions avec leur propriétaire, leur personnalité s'affinait pour correspondre un peu plus à leur humain de référence et simplifier les échanges. Pierre trouva justement assez bizarre le ton de voix qu'avait employé Sam dans sa dernière phrase. Il y avait remarqué une pointe d'amusement, de légère insolence, comme si le robot jouait un peu avec lui. Il décida de ne pas y porter plus attention que cela. Le commercial de l'entreprise qui lui avait vendu ce modèle lui avait dit que la personnalité de son robot irait en s'affinant et que d'une façon générale il garderait une certaine jovialité, un optimisme à toute épreuve. Cela rendait les machines attractives et améliorait l'atmosphère de travail et de collaboration selon ses dires.
Pierre sortit son smartphone et se connecta à Sam, ne remarquera pas de choses particulières sur l'interface, hormis un moteur peut être un peu faible sur la rotule de son genou gauche.
- Tu sais quand il faudra remplacer ce moteur Sam ?
- Pas avant un mois je pense. J'ai cependant déjà fait une demande de pièce détachée auprès du fournisseur. Je le changerai moi même si cela te convient ?
- Oui, c'est parfait. Bon allez, au boulot !
Sam se dirigea vers la ligne de fabrication et initia le process de fabrication. L'ensemble se mit en fonction et le robot commença à travailler, à sortir des pièces finies de la ligne d'assemblage, pour les ranger dans des cartons, tout en ayant vérifié plusieurs points de contrôle.
Pierre regarda son robot quelques minutes, vérifia ses paramètres et ses constantes sur son smartphone pendant qu'il travaillait. Comme il ne voyait rien de particulier, il salua ce dernier et pris congés. Il était 06:30. Si tout allait bien, il n'aurait pas besoin de retourner à l'entreprise avant demain matin, et il aurait donc travaillé 30 minutes aujourd'hui. Son téléphone l'informerai s'il y avait des problèmes ou des alertes dans la journée. Cette nouvelle liberté n'était pas complète, il devait malgré tout rester disponible et joignable en cas de pépin.
Il rentra chez lui, profita du matin qui se levait et de la belle journée qui s'annonçait. Les enfants ne seraient pas encore réveillés à son arrivée, parfait.
En rentrant chez lui, Il embrassa Marie, qui était assise à la table de la cuisine, avec son thé. Même au saut du lit elle était terriblement séduisante. Elle était vêtue d'un simple peignoir léger en flanelle, qui soulignait bien ses formes. Il aperçevait sa poitrine naissante dans son décolleté qui lui faisait particulièrement envie. Tout en l'embrassant, il commença à glisser sa main entre ses seins. Elle frissona. Il avait les mains froides après ce tour en moto mais Marie le laissa continuer. Pierre sentit la pointe de ses seins durcir et commença à les titiller.
Le souffle de Marie s'accéléra comme il continuait ses caresses quand soudain :
- Maman, Papa, on est réveillés !
Pierre et Marie se regardèrent, se sourirent et se firent un dernier baiser. La vraie journée commençait, et aucun robot ne remplacererait leur rôle de parents, pour leur plus grand plaisir...
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